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Lettre de l’éditrice

Cerveau, biocombustible et Carnaval

Voici la troisième édition spéciale de la revue — ,Pesquisa FAPESP en langue française. La première couvrait la période de mars 2002 à mai 2005, et la seconde de juin 2005 à août 2006. Nous avons réuni cette fois 18 des reportages les plus significatifs parus entre novembre 2006 et septembre 2007 dans nos éditions mensuelles en langue portugaise, afin d’offrir aux lecteurs français une vision globale et multiple de la production scientifique et technologique brésilienne menée pendant cette période.

Désireux de suivre le même modèle que celui de nos éditions habituelles, nous reproduisons ici des reportages liés aux recherches dans les domaines de connaissance les plus divers, ainsi que des textes explicatifs sur la politique scientifique et technologique actuelle de notre pays. Près de la moitié des articles présente des projets réalisés dans des institutions de recherche de l’État de São Paulo et financés par la Fondation d’Appui à la Recherche de l’État de São Paulo (FAPESP) – l’une des plus importantes en la matière au Brésil. Les autres articles font part de projets développés dans d’autres états brésiliens. Il s’agit là d’un reflet de la réalité brésilienne : São Paulo est en effet l’état le plus riche et le plus industrialisé du pays, il abrite quelques-unes de ses meilleures universités et est responsable d’environ 50 % de la production scientifique brésilienne.

En janvier 2008, la revue Pesquisa FAPESP a atteint sa 143e édition. Avec un tirage mensuel de 35 000 exemplaires, son principal objectif est de diffuser la production scientifique brésilienne de manière précise et rigoureuse, sans pour autant perdre la clarté indispensable à toute publication journalistique. Elle s’adapte parfaitement à la mission de la FAPESP – fondée en 1962 pour soutenir la recherche scientifique et technologique dans l’État de São Paulo –, en diffusant ses objectifs, ses processus et ses résultats.

Cette édition spéciale aborde des projets brésiliens dont les thèmes ne sont toutefois pas étrangers aux lecteurs du reste du monde, bien au contraire. C’est le cas par exemple des expérimentations de pointe en neurosciences, développées à la fois à l’Institut International de Neurosciences de Natal, État du Rio Grande do Norte, un état pauvre du Nord-Est brésilien, et à l’Université Duke de Caroline du Nord, États-Unis. Pas moins de dix pages sont consacrées aux détails de cette recherche qui éveille l’attention des centres de neurosciences les plus avancés dans le monde. C’est le cas également d’une thérapie encore expérimentale associant chimiothérapie et cellules souches pour soigner le diabète de type 1, fruit d’expériences d’un groupe de chercheurs de l’Université de São Paulo (USP) à Ribeirão Preto, dans la province de l’État. Ce pari radical lancé contre la maladie pourra dans l’avenir devenir extrêmement important.

À São Carlos, autre ville de la province de l’État de São Paulo, des chercheurs développent des équipements munis de diodes émettrices de lumière, les DEL. Jusqu’à présent, ils ont créé un nouveau feu de signalisation, des matériels pour le domaine médico-odontologique, une table pour des études de photobiologie et un nouveau microscope optique; des produits résultant de la recherche technologique et qui, pour la plupart, ont déjà atteint la phase de production commerciale.

Devenus prioritaires sur la scène technologique actuelle, les biocombustibles sont étudiés depuis plusieurs années au Brésil, avec quelques résultats pratiques excellents. Et nous ne parlons pas seulement du plus connu, l’éthanol, mais aussi du biodiesel. Ce dernier est d’ailleurs en train de consolider sa place en termes de production et de distribution dans les stations-services. Sur ce point, la longue interview de José Sérgio Gabrielli, président de l’entreprise pétrochimique Petrobras et publiée au début de la revue, nous paraît être un objet de lecture indispensable. Même si elle a été accordée quelques mois avant la découverte du grand champ pétrolifère Tupy, l’économiste y porte un regard stratégique aigu sur les défis qu’entraîne la question énergétique pour le Brésil et pour le monde.

Dans le domaine des sciences humaines, soulignons l’article sur le Carnaval, la fête brésilienne la plus populaire. Plus spécifiquement, le reportage porte sur la fête gigantesque qui a lieu chaque année à la fin de l’été dans la ville de Salvador de Bahia. Pendant une semaine, la fête mobilise plus d’un million de personnes dans les rues de la première capitale du Brésil et enclenche un immense complexe de production festive. Mais les intellectuels critiquent de manière acerbe l’ingérence autoritaire du gouvernement dans la fête, responsable selon eux de la création d’une colossale «dictature de la gaieté».
Très bonne lecture à tous !

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