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ÉNERGIE

Du soja dans la raffinerie

Le centre de recherches de la Petrobras développe une technique pour l’usage de l’huile végétale dans la production du diesel

Publié en juin 2006

Diesel et huile de soja: leur union va produire le H-Bio, un combustible monins polluant

MIGUEL BOYAYANDiesel et huile de soja: leur union va produire le H-Bio, un combustible monins polluantMIGUEL BOYAYAN

fMélanger l’huile de soja au processus de raffinage du diesel est une nouvelle technologie développée au long de 18 mois par les chercheurs du Centre de Recherches et de Développement (Cenpes) de la Petrobras. Inédit dans le monde entier, ce nouveau système de production a déjà été breveté au Brésil et à l’étranger. Le diesel, utilisé par les camions, les autobus, les tracteurs, les bateaux, les locomotives, les générateurs et les machines industrielles, ne sou- ffrira pas de modifications essentielles dans sa structure chimique, qui continuera la même. Comme il s’agit du même combustible, des test compléme-ntaires avec des véhicules seront évités. Les tests réalisés dans des laboratoires et les unités pilote de l’entreprise ont approuvé le produit pour l’usage immédiat.

Le nouveau diesel ne pourra pas être classifié comme biodiesel.Le biodiesel est l’ajout, chez les distributeurs de combustibles, d’huile végétale au diesel. Ces huiles passent par un processus chimique préalable de transestérification, qui les purifient de façon à ce qu’ils ne causent pas de problèmes aux moteurs. Le nouveau combustible naît au cours du processus de raffinage. “L’insertion d’huile de soja est faite pendant la production du diesel”, explique Alípio Ferreira Pinto Júnior, responsable général de l’approvisionnement au Cenpes.Le combustible sera disponible dans les stations service à partir de 2007 et contribuera à la réduction de l’importation de ce produit ou du pétrole plus dense utilisé pour sa production, et qui n’existe qu’en petites quantités dans les puits pétrolifères brésiliens.

Des 40 milliards de litres de diesel utilisés annuellement au Brésil, 2,3 milliards ont été importés en 2005. Initialement, le Cenpes calcule que 256 millions de litres annuels du nouveau diesel seront produits, soit presque 10% du total importé actuellement. Ce nouveau combustible sera tout d’abord produit à Minas Gerais, dans la commune de Betim, à la Raffinerie Gabriel Passos (Regap), et au Paraná, à la Raffinerie Presidente Getúlio Vargas (Repar), dans la commune de Araucária. Postérieurement, d’autres raffineries pourront également en produire, comme celle de Canoas, au Rio Grande do Sul, et celle de Paulínia, à São Paulo.

Les deux raffineries passent actuellement par une adaptation logistique pour recevoir et entreposer l’huile de soja, qui sera livrée par camion. Ces unités sont non seulement proches des centres producteurs de soja, mais possèdent également des stations d’hydrotraitement qui sont fondamentales pour la production de ce nouveau diesel, qui sera baptisé H-Bio. “Ces stations utilisent l’hydrogène pour enlever les molécules de soufre du diesel”, explique Pinto Júnior. Dans ce processus, sous de sévères conditions de pression et de température, mis à part l’addition d’autres produits chimiques qui favorisent la catalyse (ils accélèrent la réaction chimique), l’hydrogène casse également les molécules de l’huile végétale qui se transforment en huile minérale (diesel). Le processus inclue le mélange de 90% de diesel et de 10% d’huile végétale. “Pour 100 litres d’huile de soja insérés dans le processus, 96 litres sont transformés en huile minérale.” Il reste encore le propane (le gaz liquéfié du pétrole), qui pourra également être utilisé, et l’eau.

Nouveau marché
Le soja a été choisi par la Petrobras car sa production est fondée sur une culture bien répandue et une agro-industrie bien développée au Brésil. Ce secteur est également un grand exportateur, malgré la baisse des prix pour les producteurs brésiliens au cours de ces dernières années, à cause de la chute du dollar par rapport au réal et à l’excès de grains sur le marché mondial.“La prévision est que Petrobras consomme 10% de l’huile de soja exporté actuellement, ce qui correspond à 2,7 milliards de litres”, affirme Pinto Júnior. La production brésilienne est de 5,6 milliards de litres.Le soja, par contre, est juste une option, actuellement la plus facile d’être obtenue.Techniquement, d’autres végétaux ont déjà démontré une bonne qualité pour le raffinage du diesel. “Nous avons déjà réalisé des tests positifs avec de l’huile de ricin, de babaçu et de dendê*, parmi d’autres plantes.”

Moins de souffre
Un des avantages innovateurs du H-Bio diesel est qu’avec l’adoption de l’huile de soja, il est possible d’éliminer une fois pour toutes le souffre existant normalement dans ce combustible. Quant il est lancé dans l’atmosphère, cet élément peut se transformer en dioxyde de souffre et même en acide sulfurique, contribuant ainsi aux pluies acides. Le diesel vendu au Brésil possède entre 0,20% et 0,05% de souffre. Le taux le moins élevé est distribué dans les régions métropolitaines où la population est plus importante.Mis à part les bénéfices en matière d’environnement, le H-Bio va également permettre un meilleur allumage. “Il possède un indice de cétane (qui est une composante du diesel) élevé et cela indique une bonne qualité à l’allumage”, affirme Pinto Júnior. Connue également comme démarrage à froid, cette fonction, avec une bonne performance, permet une combustion de meilleure qualité et de l’économie de combustible.

Parmi les bénéfices économiques, il faut noter le fait de l’agro-industrie devenir un fournisseur direct à l’industrie pétrolifère, pour la phase de raffinage. La Petrobras va, désormais, être attentive non seulement à la cotation mondiale du pétrole, mais aussi aux prix internationaux du soja,pour conclure des contrats de livraison avec les producteurs de cet oléagineux. En ce qui concerne l’alcool de canne-à-sucre et le biodiesel, la livraison a lieu directement chez le distributeur, sans passer par les raffineries. L’adoption du HBio augmente également la participation de la biomasse dans la matrice énergétique brésilienne, consolidant ainsi la position d’avant-garde de la recherche avec des combustibles renouvelables au Brésil.

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